Notes sur … L’œuf de Moustapha Dao
Identification de l’œuvre
Domaine artistique : arts visuels, arts des images
Forme d’expression : cinéma
Titre : L’Oeuf
Réalisateur : Moustapha DAO
Genre : adaptation d’un conte burkinabé donc africain en fiction
Date de création : 1995
Durée : court-métrage de 21 min
Technique : décor naturel, mise en scène d’enfants et d’adultes portant des masques et interprétant les rôles des animaux.
À propos de l’artiste, le contexte de création
Mustapha Dao est un cinéaste burkinabé, né en 1955 à Koudougou (Burkina Faso) et mort le 21 juin 2010 à Paris (France).
Il s’est spécialisé dans le cinéma pour enfants, en réalisant plusieurs courts-métrages s’inspirant des contes.
Son premier court-métrage, réalisé en 1987, « A nous la rue » met en scène des enfants d’un quartier populaire de Ouagadougou, la capitale du Faso. En 1989, pour réaliser « Le neveu du peintre », son second court-métrage, il s’inspire de contes africains. « L’enfant et la Caïman » réalisé en 1991 consacre l’importance de la parole donnée. Son dernier film, « L’œuf », s’inspire d’un conte burkinabè.
Mustapha Dao a travaillé régulièrement avec les enfants des rues.
• 1987 : À nous la rue
• 1989 : Le Neveu du peintre
• 1991 : L’Enfant et le Caïman
• 1995 : L’Œuf
Avec son quatrième et malheureusement son dernier court-métrage L’œuf (1995) coproduit par son compatriote Idrissa Ouédraogo, il adapte un conte traditionnel burkinabè en mettant en scène des enfants déguisés. Depuis ce film, Mustapha Dao n’avait pas pu mettre en boîte ses nombreux projets d’adaptation des contes africains et s’était établi à Paris où il exerçait dans l’exploitation cinématographique. Personnage affable et plein d’humour, Mustapha Dao avait foi en la portée pédagogique et universelle de son genre cinématographique car, disait-il, « Les contes africains issus de la tradition orale sont nourrissants pour tout le monde ».
Ancien étudiant en lettres modernes de l’université de Ouagadougou et de l’Institut africain de l’éducation cinématographique (INAFEC), Mustapha Dao a entamé sa carrière dans le cinéma d’abord comme perchiste et par la suite comme ingénieur de son à CINAFRIC (société privée de production créée à Ouagadougou dans les années 80). Avec seulement quatre courts-métrages réalisés entre 1987 et 1995, il compte assurément parmi ceux qui comme Djibril Diop Mambety ont fait avancer l’écriture cinématographique africaine. Ses œuvres devraient inspirer les jeunes cinéastes qui bénéficient des possibilités qu’offrent les nouvelles technologies pour exploiter le conte cinématographique.
Le contexte de création
Géographie : Le Burkina Faso est un pays enclavé et relativement plat, son point culminant est le Tenakourou qui s’élève à 747 mètres. On retrouve deux types de milieu naturel au Burkina : le sahel au nord et la savane au sud. La capitale du Burkina Faso est Ouagadougou.
Économie : Le Burkina Faso est l’un des pays les plus pauvres du monde. La moitié de la population du pays vit en dessous du seuil de pauvreté.
Politique : La Constitution du 2 juin 1991, adoptée par référendum, a instauré un régime semi-présidentiel ouvert au multipartisme)
Culture : Le cinéma et la musique ont une grande importante pour la culture burkinabée. Le Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO) est un des plus grands festivals africains de cinéma. Il se déroule tous les deux ans dans la capitale du Burkina Faso. Le festival a été créé en 1969 à l’initiative d’un groupe de cinéphiles sous l’appellation Semaine du cinéma africain. En 1972, est créé le grand prix du festival qui porte le nom d’ «étalon de Yennenga », en référence au mythe fondateur de l’empire Mossi.
Le cinéma africain : cinémas d’Afrique
Dans les cinquante-sept pays qui composent ce continent qui rassemble la deuxième population au monde, on trouve moins de salles et de films produits tous pays réunis, qu’en France.
Dans la grande majorité des cas, les cinémas africains les plus intéressants (notamment ceux qui sont représentés dans les festivals) restent dépendants des aides extérieures puisque les conditions économiques sont rarement réunies pour qu’une vraie industrie puisse exister – à l’exception de l’Afrique du Nord et de l’Afrique du Sud. Beaucoup de réalisateurs africains ont conduits ou conduisent leur carrière depuis l’étranger, résidant en France, en Belgique ou ailleurs. Ces dernières années, avec l’émergence de la vidéo, et en particulier de la vidéo numérique (qui permet des tournages plus légers et économiques), on assiste dans un certain nombre de pays à l’émergence de cinéastes vivant et travaillant dans leur pays d’origine.
Malgré ses indéniables qualités et sa potentielle richesse, il faut également considérer qu’il n’est pas représentatif de la masse de population – près de 950 millions de personnes ! – à laquelle il peut se destiner. De même, n’oubliera-t-on pas non plus le fait que ce cinéma que l’on amalgame si facilement sous le terme générique « africain », n’est rien d’autre qu’un ensemble hétéroclite formé par au moins cinquante sept cinématographies nationales dont les langues, les cultures, les structures et les talents divergent grandement selon que l’on regarde un pays ou un autre.
Rencontre sensible et personnelle avec l’œuvre
Préparation
Pour les plus âgés, tenter de réduire la distance qui sépare la culture cinématographique, essentiellement télévisuelle, de nos élèves et ces cinémas qui vont leur être présenté.
_ Évoquer préalablement le contexte de création
_ Interroger les élèves pour savoir s’ils ont déjà vu des films africains, s’ils voient une différence entre films africains et films tournés en Afrique ?
_ Comment peut-on mettre en scène des animaux (exemple des fables de La Fontaine) si l’on dispose juste d’une caméra, d’acteurs et un peu de matériel ?
_ Engager une recherche documentaire sur les Afriques, en particulier photographique
_ Lire un ou deux contes
Après la projection
_ Chercher des mots pour exprimer ses ressentis, caractériser chacun des films
_ Re-raconter les contes
_ Dessiner les lieux, les personnages, les scènes, les objets (mur d’images)
_ Chercher des objets qui évoquent le film (musée de classe)
_ Fabriquer des masques d’animaux
_ Les faire vivre en mettant en scène des contes ou des histoires d’animaux
_ Rechercher des correspondances entre cris et animaux, animaux et atmosphères, animaux et personnages symboliques
L’analyse de l’œuvre
La forme : quels points communs et quelles différences avec d’autres films que l’on a déjà vus ?
• Film pour enfants, joué a priori par des enfants
• Bande son : musique d’introduction + voix-off (narrateur conteur) + dialogues + petits d’animaux + instruments percussions
• Acteurs : enfants en costumes unis et portant des masques
• Leur jeu est une mise en espace : peu de mouvements des visages, des déplacements corporels (moins harmonieux que ceux des vrais animaux), jeu souvent statique mais des gestes explicites
• Décors naturels en intérieurs et en extérieurs mais contrairement à la vie ordinaire probablement, ici tous les espaces sont très propres.
• Cadrages : plans fixes le plus souvent et quelques mouvements pour accompagner les déplacements. Plans d’ensemble pour situer les scènes puis cadrage mettant les personnages en plein écran.
L’histoire et le sens de l’œuvre
Weogho-Naaba le Lion, roi de la jungle, n’avait que des filles. Un jour, sa femme accouche d’un œuf…Grâce au lièvre, l’œuf se transforma en un beau prince lion. Toutes les jeunes lionnes du royaume accourent…
• Re-raconter pour bien comprendre
• Qu’est-ce qui en fait un conte ?
• Transmission orale _ voix off : conteur plus que narrateur « Je vais vous raconter … »
• Animaux mis en scène dans un village _ ils jouent les rôles d’humains
• Symbolique des animaux
• La mère met au monde un œuf : élément fantastique qui n’existe que dans les contes
• La tante est l’équivalent de la fée ou de la marraine dans les contes de fée. Elle vit loin sur la colline, dans un ailleurs, comme hors du monde.
• Elle a un pouvoir magique / potion magique / informations lointaines
• Ce pouvoir magique a une limite : « tu ramasseras chaque coquille d’œuf et tu veilleras à ce que ton mari n’y touche jamais… ». Ce jamais comporte un risque, une limite, non explicité. Ceci rappelle Cendrillon qui à minuit verra son carrosse revenir citrouille… et ses chevaux : rats avec cette différence que la fée énonce dès le début la limite de son pouvoir dans le temps.
• Ce conte traite de problèmes de société et de la quête de l’amour.
Les étapes de l’histoire :
• Rétablir la chronologie. Voir déroulant
Le sens de l’œuvre
• Voir déroulant
La symbolique de l’œuf
Pour d’innombrables peuples, l’œuf est lié à la genèse du monde
L’œuf est une réalité primordiale qui contient en germe la multiplicité des êtres.
Pour les likoubas et les likoualas du Congo, l’œuf est une image du monde et de la perfection. Le blanc représente le sperme tandis que le jaune représente l’humidité féminine. La coquille représente le soleil.
L’œuf est souvent une représentation de la puissance créatrice de la lumière.
L’œuf est aussi symbole de la rénovation périodique de la nature. Il symbolise la naissance et la répétition.
Il est aussi symbole d’un cycle biologique.
L’œuf est aussi pris parfois comme symbole de prospérité.
L’usage
Personnage affable et plein d’humour, Mustapha Dao avait foi en la portée pédagogique et universelle de son genre cinématographique car, disait-il, « Les contes africains issus de la tradition orale sont nourrissants pour tout le monde ».