Notes sur … La moisson magique d’Anis Lassoued

Mots du réalisateur

Cette histoire d’un enfant qui croit dur comme fer, qu’il peut planter des pièces d’argent comme on plante des fèves, et faire pousser des plants magiques avant de faire sa cueillette de pièces tout aussi magiques, car l’argent pour lui, n’est qu’un fruit précieux qui semble coller parfaitement à cet environnement cent pour cent naturel dans lequel il évolue.
Cet environnement d’ailleurs semble fournir à l’enfant tout ce dont il a besoin pour rêver, puisqu’un troupeau qui passe, une grappe de raisins, un objet ou un simple mot suffit à déclencher chez cet enfant un monde de rêves éveillés, de cauchemars aussi, de visions ou de rêves tout court, une magie qui s’étend à l’infini.
Ce film est d’ailleurs dédié à cet  » âge d’or  » de tout être, car l’enfance est un monde où les rêves ne cessent de s’accomplir, un monde où tous les fantasmes sont permis sans aucun souci de crédibilité ou presque, une période ou plutôt un instant, furtif, un envol où aucune notion de chute n’existe, où seul le souci de planer domine, bref, un rêve infini que tout adulte noyé dans les obligations de la vie, cherche à retrouver…

Fiche film

Autre titre : Saba Flouss
Titre anglais : Magic Crop
Pays Concerné : Tunisie
Réalisateur : Anis Lassoued
Pays du réalisateur : Tunisie
Production : Amilcar Films
Pays de production : Tunisie
Durée : 20′
Genre : comédie dramatique
Type : fiction

Le réalisateur

Depuis 1998, c’est-à-dire aussi depuis qu’il a obtenu son diplôme supérieur de réalisateur à l’Institut maghrébin de cinéma, il a commencé à investir un terrain encore en jachère lui tenant à cœur. Cela finit par engendrer une moisson d’images et de beaux messages qui se traduisent en 2005 par “La moisson magique”. Une fiction qui ne tarde pas à récolter plusieurs prix.

En 2000, Anis Lassoued bénéficie d’un séjour de haut niveau à la FEMIS à Paris durant lequel il eut l’occasion de se perfectionner en matière de scénario et de réalisation de documentaires. Plusieurs projets voient le jour entre temps, tels “Le puzzle” un court-métrage de 10 mn et également “Le pendule”.

Il fut aussi directeur de casting et assistant à la réalisation de plusieurs films tant tunisiens qu’internationaux.

Depuis 2003, il commence dès lors à réaliser des films plébiscités par les critiques nationaux et internationaux. “Les poupées de sucre de Nabeul”, “Ba Ploon”, et “La moisson magique”.
Celui-ci parle d’un enfant de six ans qui se retrouve bercé par le rêve de cultiver l’argent. L’enfant est issu d’une famille de paysans qui vivent de la récolte de vigne et de la production du lait. Mais ce travail modeste ne satisfait pas le besoin en rêve du petit. Ce n’est que la rencontre avec un homme peu ordinaire que bascule son quotidien.
C’est carrément un “Wonder Land” dont on a totalement réinventé toute dimension de temps et d’espace. Il se fait croire, ainsi, que seuls les enfants dont les rêves sont suffisamment subversifs qui peuvent évoluer sur ce terrain.

Mais qui le sait ? … Un très beau film où Anis Lassoued signe le scénario et la réalisation.

Une œuvre réalisée sur 35 mm qui n’aurait pu voir le jour sans le soutien efficient de l’Institut français de coopération (IFC) et l’aide de l’atelier Sud Ecriture et bien d’autres acteurs du secteur public…

“La moisson magique” fait défiler des artistes tunisiens de bonne facture à l’image de Salah Jday dans le rôle du père, Lamia Amri qui campe le rôle de la mère et Montassar Maâgli qui joue celui de l’enfant…

Symboliques

Le lait (symbolique)

Le lait est un symbole féminin lié au renouveau printanier.
C’est le premier breuvage et la première nourriture en laquelle toutes les autres existent à l’état potentiel. Le lait est donc symbole d’abondance, de fertilité et de connaissance.
Dans certaines cultures, la dimension symbolique du lait est tellement forte que ce breuvage représente l’élément primordial d’où ont surgi l’univers et les êtres vivants. Ainsi, pour les adeptes de l’hindouisme, le monde est né d’une mer de lait vigoureusement barattée par les dieux. De cette agitation est sortie, entre autres réalités « solides » et merveilleuses, la vache… dont le caractère sacré vient de son statut de mère nourricière des hommes. Pour les hindous, littéralement obsédés par la notion de pureté et la crainte de la souillure, le lait représente le seul aliment intrinsèquement pur (sa couleur blanche est là pour en attester).

L’arbre

L’arbre est le symbole par excellence de la vie.
Avec ses racines s’enfonçant profondément dans le sol, et sa ramure s’élevant vers le ciel, l’arbre est souvent apparu comme un trait d’union entre la Terre et le Ciel, c’est-à-dire entre les hommes et les dieux, entre le visible et l’invisible, entre le chaos primordial et la connaissance.

Les arbres vivant plus longtemps que les hommes, ils sont apparus comme des symboles d’éternité. Les arbres à feuilles caduques, paraissant morts l’hiver, puis se couvrant à nouveau de feuilles au printemps, symbolisent la renaissance, les arbres persistants pouvant, eux, symboliser l’éternité.
Symboles de renaissance, et pouvant porter des fruits, les arbres sont donc également perçus comme des symboles de fertilité.

La terre

Semence du ciel, fécondité, fonction maternelle et nourricière, la terre se lie à l’image-mère, symbole si puissant en psychanalyse. Renvoyant à l’essentiel et au concret, elle nous nourrit et nous la nourrirons après notre mort.

Mauvais œil

Pour comprendre ce qu’est le mauvais œil, il faut suivre l’idée qu’une loi naturelle obscure fasse partie de l’ordre des choses pour rééquilibrer certains phénomènes positifs de la nature : beauté, chance, santé… et plus matériellement la richesse, le bonheur… et cela permet de corriger négativement ces phénomènes.

Ce fléau terrible se matérialise par l’intervention d’une mauvaise personne qui, par l’intermédiaire d’un geste, d’une parole, un regard malfaisant, peut influencer une action mauvaise sur notre bien-être. Cependant, il existe une protection contre ce terrible fléau : la Khamsa ou la main de fatma (par extension le chiffre 5) agit comme une sorte de rempart visuel entre le regardeur et le regardé.

La circoncision

La circoncision en milieu maghrébin confère des privilèges spéciaux : aller à la mosquée avec le père… aller au souk… une modification de statut, tout comme le passage du hammam des femmes à celui des hommes, et elle est vécue comme telle par le circoncis. Les privilèges qui en découlent paraissent comme liés à elle, contrairement.