Mardi 13 mai 2008 – 20h15
Conférence par Youssouf Tata Cissé, historien et anthropologue. Suivie d’un échange avec le public
Youssouf Tata Cissé a beaucoup travaillé sur la « confrérie des chasseurs », que l’on retrouve dans toute l’Afrique de l’Ouest et plus particulièrement au Mali, et qui a traversé les siècles. Cette confrérie initiatique, qui existe encore aujourd’hui, a la particularité de gommer tout privilège de classe ou de rang. Les personnes qui y adhèrent doivent faire preuve d’humilité et prêtent serment en reconnaissant « la valeur absolue et la primauté de la fraternité universelle ».
Il a ainsi appris comment cette confrérie avait dès 1222 aboli l’esclavage, avec la grande Charte du Mandé, appelée Manden Kalikan ou le serment du Mandé, fait historique transmis de génération en génération, grâce à la tradition orale.
Cette déclaration fut solennellement proclamée dans la première capitale de l’empire du Mali, le jour de l’intronisation de Soundjata Keïta, le fondateur de l’empire du Mali.
Le grand serment des chasseurs s’insurge contre la vente et l’exploitation honteuses de l’homme par l’homme : «… la guerre ne détruira plus jamais de village pour y prélever des esclaves, c’est dire que nul ne placera désormais le mors dans la bouche de son semblable pour aller le vendre ; personne ne sera non plus battu au Mandé a fortiori mis à mort, parce qu’il est fils d’esclave (…) chacun dispose désormais de sa personne, chacun est libre de ses actes, dans le respect des « interdits », des lois de sa patrie…. »
Youssouf Tata Cissé expliquera donc les contenus de la charte. Il donnera en amont des éléments sur le contexte qui a vu naître cette première abolition de l’esclavage. Il expliquera aussi comment Soundjata et les chasseurs menèrent une lutte sans merci contre les esclavagistes.
Youssouf Tata Cissé, d’origine malienne, est professeur honoraire, historien et anthropologue.
Dans le cadre de la semaine de commémoration de l’abolition de l’esclavage et de la traite négrière.